Le bonheur est le rêve auquel aspire tout être humain, du philosophe à la pensée la plus abstraite à l'homme du peuple le plus fruste, du roi dans son palais luxueux au va-nu-pieds dans sa masure. Assurément, personne ne recherche la souffrance ni ne se satisfait d'être malheureux.
Où se trouve le bonheur ?
Toutefois, les hommes se heurtent depuis toujours à la question : où se trouve le bonheur ?
Nombreux sont ceux qui l'ont recherché là où il ne se trouvait pas, et qui sont revenus les mains vides, épuisés, désespérés, comme quelqu'un qui aurait cherché des perles dans le désert !
Certes, à toutes les époques, les gens ont essayé de le trouver dans les jouissances matérielles les plus diverses, dans tous les plaisirs des sens ; mais ils se sont aperçus que cela ne suffisait jamais à conduire au bonheur, et que chaque nouveau plaisir ne faisait souvent que leur créer de nouveaux soucis.
Le bonheur se trouve-t-il dans le plaisir matériel ?
Certains l'ont cru, et ont pensé que le bonheur résidait dans la richesse, dans le luxe, le plaisir et le confort matériel. Mais dans les pays où les gens ont atteint le plus haut niveau de vie, où tout le confort matériel est assuré, qu'il s'agisse de nourriture et de boisson, de vêtements, de logement, de moyens de transport ou des commodités les plus diverses, les gens sont quand même malheureux, souffrent de dépressions et recherchent d'autres moyens d'atteindre le bonheur.
L'abondance des richesses ne fait pas le bonheur et n'en constitue même pas l'élément principal. Au contraire, la richesse matérielle fait parfois le malheur de son propriétaire dans ce monde avant l'autre. C'est pourquoi Allâh - Exalté soit-Il - dit de certains hypocrites :
« Que leurs biens et leurs enfants ne t'émerveillent pas ! Allâh veut seulement les tourmenter par cela dans la vie de ce monde. » Sourate at-Tawba, « Le repentir », verset 55.
Le tourment mentionné ici est celui causé par la peine, le malheur, la douleur et les soucis ; c'est une souffrance ressentie ici-bas, dans la vie présente, à l'image de celle évoquée dans le hadîth :
« Voyager fait goûter au tourment ».
Or, c'est bien ce que nous constatons chez tous ceux dont l'argent et la vie de ce monde sont la principale préoccupation, le seul objectif et l'unique aspiration : ceux-là ressentent toujours une souffrance psychologique, une lassitude du coeur, une pesanteur de l'âme ; qu'ils aient peu ou beaucoup, jamais ils ne sont satisfaits.
Le hadîth rapporté par Anas - qu'Allâh soit satisfait de lui - d'après le Prophète - sur lui la grâce et la paix - décrit bien ces esprits torturés :
« Celui qui se préoccupe de l'Au-delà, Allâh place sa richesse dans son cœur et rassemble les siens autour de lui, et ce bas-monde est contraint de venir à lui ; mais celui qui se préoccupe de ce bas-monde, Allâh place sa pauvreté devant lui et disperse les siens, et il ne recevra pas d'autre part de ce bas-monde que celle qui lui est réservée. » Rapporté par at-Timidhî par la voie d'Anas, et rapporté par Ibn Mâjah et d'autres en termes semblables par la voie de Zayd ibn Thâbit.
Comme l'a dit un auteur ancien, « Celui qui aime ce bas-monde doit être déterminé à supporter les malheurs ». L'amoureux de ce bas-monde ne peut échapper à trois choses : un souci permanent, une fatigue incessante et un regret interminable. En effet, l'amoureux de ce bas-monde ne parvient pas plus tôt à obtenir une chose qu'il ne se met à en désirer une autre, comme le dit le hadïth :
« Si l'enfant d'Adam possédait deux rivières d'or, il en désirerait une troisième. »
Jésus, fils de Marie - la paix soit sur lui - a comparé l'amoureux de ce bas-monde au buveur de vin : plus il boit, plus il a soif.
Les enfants procurent-ils le bonheur ?
Les enfants sont, assurément, la fleur de la vie, la beauté de ce monde. Il arrive souvent, cependant, que les enfants n'apportent que des peines à leurs parents et les récompensent par la désobéissance et l'ingratitude au lieu de leur manifester bonté et respect. Il arrive même que des enfants tuent leurs parents pour s'approprier leur fortune ou parce qu' ils font obstacle à leurs passions.
Ainsi un père se lamente-t-il ainsi en s'adressant à son enfant :
« Je t' ai nourri tout petit, enfant j'ai pourvu à tes besoins. Tu grandissais en t'abreuvant de mes conseils. Si un soir t'avait causé quelque peine, j'en passais la nuit éveillé, agité. Mais lorsque tu as atteint l'âge adulte, et le but que pour toi je n'osais espérer, voilà que tu me récompenses par la dureté et la brutalité, comme si c'était toi le généreux bienfaiteur ! »
Nous avons vu bien des exemples étranges de l'ingratitude des enfants et de la détresse des parents, et nous en avons entendu parler d'autres plus étranges encore. Les parents se sont, de tous temps, désespérés de l'ingratitude de leurs enfants, à l'image du Roi Lear de Shakespeare qui s'exclamait : « ش combien plus cruelle que la dent du serpent est l'ingratitude d'un enfant » !
Le progrès scientifique apporte-t-il le bonheur ?
La science expérimentale, qui a permis de rapprocher les gens au-delà des distances et d'aplanir les difficultés, peut-elle aussi réaliser le bonheur ?
Certes, comme le dit le Docteur Mohammad Housayn Haykal, la science nous a permis de découvrir un grand nombre de secrets de la vie et d'en tirer profit à un degré que nos prédécesseurs n'auraient même pas imaginé.
Il est vrai également que la soif de connaissance fait partie de la nature humaine. L'homme ne parvient pas plus tôt à connaître une chose, qu'il n'aspire à approfondir encore sa connaissance ou ne se tourne vers un autre objet de recherche. Mais il est vrai aussi que la science n'ouvre pas la porte du bonheur. Au contraire, elle conduit souvent à l'ennui ou à l'inquiétude. Le bonheur, c'est ce beau rêve que nous voyons briller devant nous, que nous cherchons à saisir mais dont nous n'avons jamais assez : depuis l'aube de l'humanité, les hommes ont toujours couru derrière le bonheur, mais dès qu'ils pensent avoir atteint le but, voilà que le démon du malheur vient leur barrer la route. Ce bonheur tant cherché ne réside pas dans la science, car la science correspond à un désir, et le désir ne saurait apporter le bonheur. Combien de savants ont consacré leur vie à la science, pour éprouver. au bout du chemin, d'amers regrets en constatant que leur science ne leur avait apporté qu'un surcroît de peine ; ceux-là ont alors recommandé que leurs enfants soient éduqués dans la foi et suivent leur nature, sans demander à la science de décrypter les mystères de l'Invisible.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire